Lorsque j’étais à Yinchuan, j’ai eu envie de photographier les gens en deux roues, parce qu’ils m’ont paru révélateurs d’un mode de vie et de mentalités.

Ici de nombreuses femmes sont voilées, d’abord pour se protéger de la poussière et de la pollution. Mais lorsqu’on s’étonne que les hommes ne s’en protègent pas, ou alors très peu d’entre eux, on découvre une autre raison. Souvent elles portent aussi des gants et se protègent les bras. Le soleil est leur pire ennemi, et la blancheur de la peau leur fantasme. Sur les mobylettes, on ne voit pas leur deuxième obsession : les yeux. Elles rêvent de les avoir moins bridés et plus grands. Alors elles se ruinent en crèmes de beauté pour contour de l’oeil (dans l’espoir que cela gommera leur bride ?), et les plus coquettes portent des lentilles noires très grandes, qui agrandissent le regard (et le rendent surtout inexpressif et inquiétant).

L’ombrelle-parapluie est une autre arme contre le soleil, mais moins pratique en mobylette…

Hommes et femmes se déplacent tout autant, car ils travaillent tout autant les uns que les autres. Au début, j’ai été heureusement surprise de constater combien l’égalité des sexes était respectée. Sauf que j’ai vite déchanté quand je me suis rendue compte que la parité n’existait que pour les travaux les plus pénibles. Dès qu’on monte dans les échelons sociaux, les femmes se font plus rares (sauf dans la finance, où, étrangement, elles sont très nombreuses même aux plus hauts postes). Mais ces femmes-ci ne veulent pas d’enfant, car cela ruinerait leur carrière dans ce monde ultra-compétitif. Les femmes et les hommes qui ont des enfants (enfin un enfant unique, bien entendu), à tout étage social, les voient souvent très peu, tant ils travaillent. Même le congé maternité est réduit le plus possible : les femmes travaillent par exemple jusqu’à la veille de l’accouchement.

Oh, une « coutume » à laquelle je ne me suis pas habituée : les hommes affichent un comportement qu’ils considèrent comme virils, mais qui nous paraît à nous occidentaux assez répugnant, comme cette habitude qu’ils ont de se racler très bruyamment la gorge avant de cracher à terre en toute occasion et partout.

Dès qu’ils peuvent, où ils peuvent, et le plus souvent sur leur lieu de travail-même, les Chinois piquent un somme. Souvent, quand nous entrions dans une épicerie, il nous fallait dire bonjour très fort et plusieurs fois pour réveiller le vendeur endormi sur un lit de fortune placé derrière le guichet. Dans les restaurants, après le rush de midi, les serveuses et cuisiniers s’installent aux tables vides, et posent leur tête dans leurs bras comme on le fait faire aux enfants dans les écoles pour les ramener au calme… avant de se réactiver de plus belle.

C’est le résultat de congés inexistants, et d’une quantité phénoménale d’heures de présence au travail par jour.

Autre chose, puisqu’on voit là une voiture, on voit aussi qu’aucun des occupants n’a attaché sa ceinture de séc… Sa quoi ? Sa ceinture de… Oui, bon, oubliez. Même dans les taxis, pas de ceinture. C’est dans l’un d’entre eux qu’on m’a informée gentiment des statistiques sur les accidents de la route. Alors, vu leur façon de conduire, comment dire, je n’ai pas été surprise outre mesure… mais terrifiée tout le temps. On peut noter aussi que si on n’oublie pas de se protéger du soleil en deux-roues, on se fiche comme de sa première casquette de protéger les os de son petit crâne.

Travail, apparence. Apparence, travail. La vie a peu de poids dans tout ça.

 

Je rappelle qu’il fait très chaud, à ce moment précis, pourtant cette dame en rose visiblement très coquette est aussi très couverte. La beauté n’a pas de prix, en tout cas une beauté ultérieure (mais aussi la santé de la peau).

 

 

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2 Commentaires
  • florence
    4 septembre 2012

    Ca devait être beau cette expo, heureuse que tu en aies eu plein les mirettes ! Bises à toi aussi !

  • Doinet
    4 septembre 2012

    Chère Florence,Merci pour ce voyage virtuel !J’ai pensé à toi en allant voir aux Tuileries l’expo de Ahae, un photographe coréen qui au fil des saisons, a pris de sa fenêtre plus de 2 millions de clichés. Étonnant de beauté et de diversité à partir d’un seul lieu !Bises et douce rentrée à toi ;-)Mymihttp://mymidoinet.blogspot.com/