Bonne pioche pour mes 2 dernières lectures jeunesse, et françaises, siouplait !

Grâce à Nancy Fauché, super-représentante de Nathan et Syros, entre autres, j’ai eu la chance d’avoir les épreuves de ce roman avant sa sortie, que, pour cause de PAL immense, je n’ai lu que ces derniers jours. Je l’ai dévoré d’une traite ! J’adore les thrillers psychologiques, et j’ai été servie. Celui-ci est très bien mené, et Claire Mazard a le courage de raconter le traumatisme que cela peut être d’avoir un père hautement défaillant, ce qui est rarement fait en littérature dite pour la jeunesse. Le mécanisme du trouble profond qu’est la perversité narcissique semble si bien connu par son autrice et est ici si bien décortiqué par petites touches, dans une progression subtile, que l’on vit avec l’héroïne la prise de conscience que quelque chose cloche, voire cloche grave. C’est glaçant et perturbant et cela existe, aussi je trouve très salvateur qu’on en parle aux jeunes. Le raconter via un père adoré, dans la société patriarcale où nous vivons, est d’une grande force, via une grande claque qui fait tourner le monde à 180°. Donc chapeau à Claire Mazard pour avoir réussi ce page-turner passionnant autour d’un sujet aussi sensible, et si rarement traité, surtout en jeunesse.

J’ai enchaîné avec *Je suis ton soleil* de Marie Pavlenko.

J’ai été enchantée par la verve de l’héroïne, et par les trouvailles langagières très drôles qui émaillent son discours. Le style de ce roman en fait tout le sel, mais il sert également un récit tout en sensibilité et en justesse psychologique. Au fil des mois d’une année de terminale, nous suivons les tribulations amicales et amoureuses de Déborah, heureusement très bien entourée au moment où ses parents prennent l’eau. C’est le point commun avec ma lecture précédente, cette prise de conscience adolescente de qui sont vraiment ses parents, même si ici ils restent profondément positifs et aimants et bienveillants avec leur fille (ce qui, avouons-le, fait un peu de bien !). Malgré les drames, réels, Déborah est globalement très privilégiée, et très bien entourée par des personnages attachants, jusqu’à son chien, ce qui permet au lecteur ou à la lectrice d’évoluer en même temps que l’héroïne sur un sol stable, et ça aussi ça fait du bien ces temps-ci – en littérature jeunesse je trouve que c’est très important de montrer qu’un tel socle peut exister, pour rassurer les enfants et les jeunes qui ne le connaissent pas. Certes, le milieu riche dans lequel évolue tout ce petit monde, qui part en vacances à Londres ou à New-York ou dans sa maison de campagne sans sembler avoir conscience du reste du monde, participe à la légèreté ambiante malgré les épreuves, mais il reflète une réalité que l’autrice n’a pas édulcorée par de faux bons sentiments qui n’auraient d’ailleurs pas eu leur place dans ce récit, et du coup cela sonne admirablement juste… Hélas, ai-je évidemment envie de dire, mais c’est bien cela, la littérature, ces vérités qu’il ne faut pas masquer, et ces milieux très divers dans lesquels elle nous fait plonger. J’émettrais un bémol plus appuyé pour la représentation de l’IVG présenté comme générant un traumatisme à vie, ce qui m’a beaucoup gênée, car c’est très loin d’être toujours le cas – mais considérons qu’il s’agit d’un cas singulier.
Merci donc à Marie Pavlenko pour cette très bonne lecture, avec cette truculente Déborah qui m’a souvent faite rire.

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